Klaus Mann
Avant lA vie
Ce recueil présente huit nouvelles inédites de l’écrivain allemand Klaus Mann, publiées entre 1924 et 1932. Il s'agit d'œuvres de jeunesse, inscrites dans le chaos provoqué par la défaite de 1918 et l'instauration de la République de Weimar.
L'auteur, qui a entre 18 et 26 ans, décrit une jeunesse confrontée à une profonde crise sociale et politique. Le jeune écrivain présente la réaction de sa génération comme une recherche désespérée d’une nouvelle voie, d’un nouveau sens à la vie.
Auteur : Klaus Mann (Allemagne)
Titre : Avant la vie (Maskenscherz)
Traductrice : Isabelle Taillandier
Préface : Uwe Naumann
Illustrations : Ricki Hallgarten & Bibliothèque Monacensia (Munich)
Date de parution : 9 mars 2020
ISBN : 978-2-491528-08-9
168 pages, broché, format 11x18
Prix : 14 €
Quatrième de couverture
Klaus Mann décrit ainsi le sentiment ressenti au début de sa carrière littéraire : « Notre vie consciente commença à une époque d’incertitude angoissante. Autour de nous, tout se fissurait et chancelait, à quoi aurions-nous dû nous raccrocher, d’après quelles lois aurions-nous dû nous orienter ? La civilisation dont nous faisions la connaissance dans les années 1920 semblait avoir perdu l’équilibre, ne plus avoir de but, de volonté de vivre, être mûre pour la ruine, prête à sombrer. Oui, nous fûmes confrontés très tôt à une atmosphère d’apocalypse, fîmes l’expérience de toutes sortes d’excès et d’aventures. » Né en 1906, Klaus Mann ressent ces années comme une profonde crise sociale et politique. Aussi pleine de joie et extraordinaire qu’ait pu être en superficie cette période, elle ne propose de fait aucune ligne morale. Le jeune écrivain présente la réaction de sa génération comme une recherche désespérée d’une nouvelle voie, d’un nouveau sens à la vie. (Uwe Naumann)
A propos de l'auteur ...
Klaus Mann (1906-1949) est un écrivain allemand. Fils cadet de l’écrivain Thomas Mann, il grandit entouré des intellectuels et des artistes allemands les plus importants de son époque.
Il commence sa carrière littéraire à 18 ans en publiant certains des textes présentés dans ce recueil. Il voyage ensuite énormément avec sa sœur aînée Erika : Europe, Amérique, Asie.
Violemment opposé au national-socialisme, il s’exile dès mars 1933 et fonde à Amsterdam une revue littéraire proposant des textes d’auteurs combattant le nazisme. Lui-même publie deux romans importants : Méphisto (1936) et Le Volcan (1939).
Finalement émigré aux Etats-Unis, il obtient la nationalité américaine (il avait été déchu de sa nationalité allemande en 1934). Mais après la guerre, marqué par les suicides d’amis proches, inquiet du devenir de l’Allemagne, conscient de la crise morale européenne, il se suicide à Cannes.
Extrait 1
Dans le groupe d’adolescents, il y en avait un qui ne disait pas un mot. Il réfléchissait à ce que ses camarades avaient dit. Il écoutait et ne savait pas bien pourquoi cela le rendait triste. Il pensait : « L’un croit que la décadence est splendidement écartée et que le renouveau apparaît nu, dans sa rayonnante pureté, porté par les ailes du mouvement wandervogel. L’autre, fort peu modeste, s’imagine membre d’une société occulte, croit tout savoir sur notre avenir, se prend pour le dépositaire des secrets du cosmos.
Le troisième pleure de peur ou de joie, et une sensibilisation pathologique du système nerveux semble être pour lui l’aboutissement de notre époque.
Nous sommes bien étranges… » […] « C’est quand même étrange, pensait celui qui ne disait rien, c’est ainsi que nous nous quittons. Ceux qui se sont tenus sur le seuil de la vie, comme nous aujourd’hui, ont-ils toujours éprouvé cette sensation d’étrangeté mêlée de curiosité ? Nous n’avons pas les mêmes rêves. Que deviendront-ils ?
Et qu’en sortira-t-il ? Il y en aura forcément un parmi nous chez qui tous ces désirs et rêves convergeront. Que deviendra-t-il ? » (Avant la vie)
Extrait 2
Son avantage s’appelait « jeunesse ».
Sa seule conviction était que rien ne lui paraissait impossible. Il avait vingt ans et s’appelait Peter Brockmann. Sans être plus doué qu’un autre, ce qui le distinguait toutefois était la conscience enthousiaste de sa propre valeur. Il faisait aveuglément confiance à son sourire, à l’éclat de ses yeux bleu gris. Il se croyait irrésistible quand il rejetait sa tête en arrière d’un air têtu, puis secouait triomphalement sa chevelure blonde. Il se savait bien bâti et d’une élégance estudiantine désinvolte : le chapeau posé effrontément sur le front, le manteau militaire avec épaulettes et ceinture. Si moi, je ne suis pas sûr de réussir, qui devrait y croire ?, se disait-il, avec raison.
C’est ainsi qu’il affronta le monde afin de le conquérir. (En face de la Chine)
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